Pas toujours facile de trouver du bon pain en Amérique latine. J’ai de la chance, à La Paz et à Cusco on s’en tire très bien d’affaire grâce à mes deux stars andines du pain: la marraqueta pacénienne et la ciabatta cusquénienne… Elles font toutes les deux le bonheur de mes repas. S’il fallait déchirer mon cœur pour choisir entre les deux je trancherai pour la maraquetta mais je vais vous expliquer pourquoi. Niveau dimension, la ciabatta l’emporte facilement, mais certaine mauvaises langues diront qu’elle fait de la gonflette. Dotée d’une mie plus aérée, la ciabatta propose une croute plus légère, plus cassante que son homologue bolivienne. A ce niveau là, c’est une question de goût, et moi je préfère les croutes plus résistantes, qui craquent sous la dent, qui vous obligent à mordre à pleine dent sans retenu, permettant ainsi d’exprimer sans chichi votre niveau de voracité, conséquence d’une petite fringale incontrôlé vers les 4 heures de l’après midi. On est avec la marraqueta proche des flutes de chez l’père Paul par chez nous, mais la marraqueta propose un niveau de résistance subtilement inférieure , évitant ainsi les crampes à la mâchoire résultante inévitable de certain crocs dans les sandwichs Paul qui se terminent en étirement violent façon chewing-gum.
Toutes les deux sont revêtues d’un doux voile de farine, beaucoup plus prononcé chez la ciabatta qui, si elle avait un relief un peu plus saillant et irrégulier pourrait faire penser à une chaine de montagne enneigée. A ce niveau là la marraqueta a plus souffert du réchauffement climatique ce qui reflète une triste réalité, la disparition de la majorité des glaciers d’ici 2030… un problème que la Bolivie hérite gentillement sans pourtant en être responsable ( déforestation exclue).Niveau gout, on est dans la gamme de la baguette sans pour autant égaler ce qui est inégalable , cocorico. Toutes les deux apprécieront d’être recouverte d’une couche de bon beurre salée ou non, si toutefois vous arriver à trouver du beurre non-salée au Pérou sans pour autant taper dans le produit d’importation Elle & Vire ( 8soles ) qu’à fait 20000 km certainement pas en barque de totora et qui malgré ça arrive à être moins chère qu’un beurre fermier de la grange San Isidro ( 8,5 soles) que j’enrichis avec mes achats répétés de la seule crème fraiche “fraiche” semi-liquide valable à 10000 lieux à la ronde quand je tape pas dans le jambon ( inglès) au torchon sans torchon ni couenne. Dernier point important et non des moindres: la conservation des pains. Incontestable supériorité de la marraqueta, qui si elle est gardé hermétiquement va se ramollir. Il suffit alors ensuite de la laisser une journée à l’extérieure pour qu’elle reprenne du croquant, et du vrai. Si par mégarde on la laisse trop longtemps dehors et que son touché fait penser à un pavé prêt pour un prochain mouvement social dont les boliviens sont friands on pourra appliquer le bon truc des quelques gouttes d’eau pour l’amadouer suivi d’un chti passage au four et vous ferez alors concurrence à Jésus en ressuscitant les pains qu’il pourra ensuite multiplier à sa guise. La marraqueta se laisse aussi volontiers cryogéniser au congèle et retrouve sa saveur originale là ou une baguette ou une ciabatta y laisserait quelques miettes du fait d’une mie trop délicate…. et ouaih, ça assure une maraquette.
Je remercie mon amie Silvia qui m’a envoyé un petit panier gourmand remplie de maraquettas de La Paz, avec sa petite cervoise “Paceña” qui va bien, son assortiment de chocolats “Para Ti” de la ville de Sucre et un peau de confiture à la fraise maison de derrière les fagots. La qualité du chocolat a fait de bon progrès et le chocolat “canelisé” sans caractère n’est plus qu’un mauvais souvenir. Quel sera le prochain match? Ceviche bolivien vs cebiche péruvien….hmmm, je crois qu’on connaît déjà le gagnant … quoi que… si…